Nous avons eu le plaisir de rencontrer Patrick Fromowicz, Directeur du Golf-Club Grand-Ducal. Au programme: passions, Covid, avenir et golf bien sûr! Voici ce que le directeur du golf le plus prestigieux du pays nous a confié…
Patrick, peux-tu commencer par nous parler un peu de toi?
P.F.: J’ai un parcours assez atypique! Je suis pharmacien de formation. J’ai d’abord travaillé dans l’industrie pharmaceutique avant d’ouvrir ma propre pharmacie en France. La biologie est ma grande passion depuis toujours, d’où la pharmacie, et la gestion de l’entreprise comptait beaucoup pour moi, d’où le statut d’indépendant. En parallèle, j’ai commencé le golf dans les années 80 à Nancy-Aingeray. En 2015, lorsque j’ai vendu ma dernière pharmacie, le Grand-Ducal, dont j’était déjà membre, cherchait un directeur. Le Conseil d’Administration m’a accordé sa confiance.
Ça fait maintenant cinq ans: tu dois commencer à savoir si c’était une bonne idée ou pas?
P.F.: C’était vraiment une très très bonne idée! Etonnamment, la fonction de directeur de golf se rapproche de ma première passion professionnelle. D’une part, la biologie est toujours présente, puisqu’elle fait partie intégrante des nouvelles techniques de greenkeeping. C’était d’ailleurs un gros challenge de reprendre le terrain tel qu’il était et de le faire monter au plus haut niveau possible. A présent, nous sommes à un niveau de base qui est très élevé et nous allons maintenant travailler les détails. D’autre part, le travail relationnel et la gestion d’entreprise, que j’ai connus en tant qu’indépendant, sont très présents également dans le métier de directeur de golf. Et puis mon métier de directeur de golf me permet de faire des rencontres que je n’aurais jamais pu faire et ça c’est inestimable! Des anonymes étonnants et merveilleux, tout comme des personnes plus en vue que l’on côtoie au golf, en toute simplicité.
Peux-tu nous parler des spécificités de ce métier ici, au Grand-Ducal? J’imagine qu’on ne dirige pas ce club comme on dirigerait un club commercial?
P.F.: En effet, le Golf-Club Grand-Ducal est essentiellement un club de membres. Notre objectif principal est de donner une satisfaction totale à l’intégralité de nos membres. Nous accordons donc une grande importance au bien-être de ces derniers tant sur leurs activités golfiques que lorsqu’ils profitent du club-house. Le Grand-Ducal est une deuxième famille pour beaucoup d’entre eux. A côté de ce management très orienté vers nos membres, nous gardons aussi à l’esprit l’aspect sportif. Notre club consacre un budget important à nos juniors en leur permettant des entrainements encadrés deux fois par semaine et plus intenses encore lors de stages que nous organisons trois fois dans l’année. Cette politique porte ses fruits puisqu’une très large majorité des champions luxembourgeois sont issus de notre club, et nous en sommes très fiers.
As-tu le temps de jouer?
P.F.: Je n’ai jamais été aussi présent sur un golf et aussi peu sur le jeu! Mon bonheur c’est de pouvoir jouer tôt le matin seul ou avec des amis. Cela permet de voir aussi ce qu’il se passe sur le parcours ou au niveau de l’équipe terrain et ça fait partie du job! Mais cela reste du sport loisir.
Pourtant, tu es compétiteur? Quel est ton niveau de jeu?
P.F.: Je suis 7 d’index et je reste compétiteur dans l’âme! Même lors de parties entre amis, j’avoue que j’aime bien garder un aspect compétition!
Si je te demande quel est ton parcours préféré, ce sera le Grand-Ducal?
P.F.: Oui, à Luxembourg.
Et à l’étranger?
P.F.: Je suis un fan de Morfontaine et Fontainebleau. Petit clin d’œil : c’est le même architecte, Simpson, que le Grand-Ducal. Côté links, j’adore Ballybunion, en Irlande.
As-tu une envie, un rêve de golfeur?
P.F.: Connaître des terrains comme Sunningdale par exemple, des terrains mythiques mais pas vraiment les mythes commerciaux.
Et dans ton sac, quel est ton club préféré?
P.F.: Mes quatre wedges, sans hésiter ! Puisque ma longueur de balle diminue année après année, pour maintenir le score, il faut un wedge par an!
Malheureusement la crise sanitaire est encore un petit peu d’actualité. Peux-tu nous expliquer comment s’est passée cette période ici, comment tu l’as vécue, comment le golf l’a vécue?
P.F.: Personnellement je l’ai bien vécue car nous avons pu maintenir toute l’équipe terrain ainsi que l’équipe du secrétariat pour la gestion, le tout dans le respect des règles de sécurité bien entendu. Seul le restaurant a été contraint de s’arrêter. Cette pause a beaucoup profité au terrain. L’équipe s’est trouvée dans des conditions dignes d’Augusta qui ferme son terrain aux membres six mois avant le Masters, car comme le dit notre greenkeeper: «Un golf sans golfeur, pour le terrain c’est le paradis»! Nous avons pu vraiment faire des travaux en profondeur pendant plus de deux mois. Ils ont pu travailler en peu de temps sur des choses planifiées sur une ou plusieurs années et le résultat est visible! Nous avons ainsi pu offrir une très bonne qualité de parcours aux membres dès leur retour!
Quels sont les projets?
P.F.: A présent, le Grand-Ducal veut vraiment travailler les détails sur le terrain pour avoir la qualité la plus élevée possible. Cela nécessite de gros investissements en termes de nouvelles techniques de greenkeeping. Par exemple, nous changeons les espèces de graminées des greens, des fairways et des départs pour passer à des espèces qui sont beaucoup plus adaptées, à la fois aux changements météorologiques et aux nouvelles techniques de greenkeeping. Un nouveau projet de gestion des arbres est également en cours.
Je vois qu’au Grand-Ducal, on se projette vers l’avenir!
P.F.: Ah complètement! Ces projets sont très passionnants! Et puis c’est une école d’humilité : l’échelle du terrain c’est l’échelle de la nature, ce n’est pas forcément l’échelle du joueur… La nature marche à son rythme. Nous avons besoin de la nature mais la nature n’a pas besoin de nous. C’est ça aussi le message qu’il faut essayer de faire passer à nos golfeurs.
Que dirais-tu à quelqu’un qui a envie de se mettre au golf aujourd’hui ?
P.F.: Que c’est dans l’air du temps. Que c’est vraiment le retour à la sociabilité, à la fois familiale et amicale. Que c’est aussi un sport à part entière, très exigeant, certainement l’un des sports les plus exigeants. Le sport d’une vie.
Patrick, au gré de nos rencontres, nous avons constaté que le Grand-Ducal est perçu de l’extérieur de deux façons: soit il fascine et est admiré pour son parcours et son esprit, soit il agace par son côté fermé.
P.F.: Le Grand-Ducal est une grande famille en fait. Certains résidents ont peut-être un a priori. C’est aussi pour lutter contre cet a priori que nous acceptons les joueurs au green fee en semaine: nous souhaitons montrer la qualité de l’accueil et du terrain. Nous accueillons aussi dans le même esprit quelques compétitions privées dont les participants sont généralement très heureux.
Je confirme que nous sommes toujours très bien accueillis ici! Merci Patrick.
Envie d’en savoir un peu plus sur le Golf-Club Grand-Ducal?
Tous les parcours du Grand-Duché sont dans Birdie – Guide des Golfs!