Christophe Pinna – Du karaté au golf : la force tranquille

23.11.23

Christophe Pinna a tout gagné dans sa discipline. Quatre fois champion du monde, six fois champion d’Europe et six fois champion de France de karaté, Christophe Pinna est aussi fan de golf.  Quand il ne fait pas le tour du monde à l’occasion de stages de karaté qui rassemblent des milliers d’adeptes, Christophe arpente les parcours de golf.  De passage à Luxembourg à l’occasion de la Car Avenue Invitational Golf by Henri Leconte & Friends, Christophe nous a accordé une entrevue.  Douce rencontre avec un colosse sensible…

BIRDIE : Que devient le champion de karaté qui nous a tant fait vibrer ?

Christophe Pinna : Ouh là là, je fais beaucoup de choses ! Du karaté, du golf, mais pas que…

BIRDIE : Tu interviens aujourd’hui dans les maisons de retraite, auprès de personnes âgées.  Quelle est ta mission auprès d’elles ?

Christophe : Avec ma société Capacity, nous avons développé un programme d’activités physiques adapté aux personnes en perte d’autonomie.  Le programme aide les personnes âgées à se sentir mieux, sur le plan mécanique et mental.  Avec des chercheurs, nous avons fait un tableau exhaustif des effets du vieillissement : ostéoporose, sarcopénie, etc.  Grâce à ce programme, nous travaillons sur la perte de tonus qui mène à la perte d’équilibre et à la chute mais aussi sur le moral des personnes âgées, principalement en maisons de retraite.  Aujourd’hui, plus de 230 maisons font confiance à ce moyen thérapeutique non médicamenteux. L’activité physique a de vrais bienfaits pour lutter contre l’ostéoporose et les effets du vieillissement.  A présent, nous organisons aussi des Olympiades et nous nouons des partenariats avec les écoles pour des actions intergénérationnelles

BIRDIE : Mais comment as-tu eu l’idée de ce beau programme ?

Christophe : Je ne conçois pas qu’une maison de retraite soit un lieu sans vie.  J’ai d’abord travaillé avec les personnes âgées pour la ville de Nice.  C’est la curiosité qui m’a amené là. Un jour, j’ai eu l’occasion de donner un cours de sport à une personne âgée en Ehpad.  Les effets avaient été immédiats, surtout sur son moral.  Les retours individuels et collectifs étaient excellents.  Même les personnes âgées qui étaient négatives au départ ont fini par adhérer et les soignants ont vu une évolution immédiate. 

BIRDIE : Et à part le programme Capacity, dans quel secteur es-tu actif ?

Christophe : J’interviens aussi dans ma ville, à Nice, au travers du programme « Je me bouge avec la ville de Nice et Christophe Pinna ». Nous coachons les personnes qui ont envie de se lancer dans l’aventure sportive avec un objectif, parr exemple la participation au marathon, nous les entrainons et nous leur donnons des conseils pour le matériel ou la diététique.

BIRDIE : Arrives-tu à vibrer autant en faisant du coaching qu’avec une médaille autour du cou sur un podium ?

Christophe : Dans la vie de champion, l’égoïsme prime.  Tu dois penser à toi, à ton entrainement, accepter d’être égoïste pour atteindre tes objectifs.  Pour moi, la carrière sportive n’a jamais été un sacrifice.  J’ai fait le choix de m’entrainer pour être le meilleur.  Je suis allé trois fois en boite de nuit dans ma vie : était-ce un sacrifice ?  Non ! En contrepartie j’ai fait plusieurs fois le tour du monde !  Ma vie d’aujourd’hui complète cette période.  Aujourd’hui, ma priorité, c’est les autres.  Les vibrations sont différentes mais quand je repense au passé, je n’ai pas envie de revenir à ça.  J’ai beaucoup souffert à l’entrainement.  Il m’est arrivé de vomir d’effort ou de me casser les mains à force de frapper dans le sac.  A l’époque, j’en avais besoin mais à présent, je suis passé à autre chose. Le sport de haut niveau a été un exutoire. Aujourd’hui, ce sont les autres qui me donnent mon équilibre.

BIRDIE : Tu veux dire que la vie n’a pas toujours été aussi facile qu’il n’y paraît ?

Christophe : C’est vrai, j’ai perdu ma maman alors que je n’avais que 17 ans.  La souffrance physique pour moi a été nécessaire à ce moment-là.  Le karaté était déjà ma passion mais quand ma mère est décédée, c’est devenu une béquille.  J’étais soi-disant le karatéka le plus doué de ma génération et pourtant, je finissais toujours troisième en toutes catégories.

BIRDIE : Pas toujours !  Parle-nous du 14 octobre 2000 à Munich !

Christophe : L’objectif de titre de « champion du monde toutes catégories » m’a fait rêver pendant toute ma carrière.  Et ce jour-là, le jour de la Saint Juste, j’ai remporté le titre devant un public de 35.000 spectateurs dont plusieurs centaines de fans et amis venus de Corse ou de Nice. Il faut croire que la vie attendait la Saint Juste pour me donner cette victoire. Tout le monde voulait faire la fête avec moi.  Mais après le contrôle anti-dopage et la douche, je me suis senti vide et je n’ai pas pu sortir.  C’était incroyable, comme un refus d’obstacle.  J’avais l’impression d’avoir atteint l’objectif que ma mère avait fixé lorsqu’elle disait « mon fils est le plus fort » et j’avais le sentiment qu’il n’y aurait plus rien derrière.  Ce soir-là, j’ai posé le sac.  Ma carrière touchait à sa fin.

 

BIRDIE : Es-tu conscient d’être toujours une grande star de karaté, partout dans le monde ?

Christophe : Aujourd’hui je participe à des stages sur les cinq continents et en effet, je vois qu’il y a souvent plusieurs milliers de personnes qui veulent simplement me voir… J’étais récemment à Sao Paolo puis à Kigali. Je parcours le monde et je vois que les amateurs de karaté aiment participer à ces stages qui rassemblent plusieurs milliers de karatékas dans des stades olympiques.  Le concept est qu’environ 300 athlètes sont actifs avec moi tandis que les autres sont dans le public.  Je suis sur scène, avec de grands écrans derrière moi, pour que tout le monde apprécie les mouvements, et des assistants locaux. Nous accueillons aussi des enfants.  J’adore l’exercice parce qu’il faut transmettre beaucoup d’énergie dans un grand stade.  Quand tu as plusieurs centaines de personnes devant toi, si tu ne mets pas beaucoup d’énergie, on a l’impression que tu es au ralenti.  Il faut se donner à 1.000 % sur ce genre d’événements.  Je pars bientôt à Londres puis en Pologne pour des stages de ce format.  Je me réjouis.

 

BIRDIE : Pas toujours !  Parle-nous du 14 octobre 2000 à Munich !

Christophe : L’objectif de titre de « champion du monde toutes catégories » m’a fait rêver pendant toute ma carrière.  Et ce jour-là, le jour de la Saint Juste, j’ai remporté le titre devant un public de 35.000 spectateurs dont plusieurs centaines de fans et amis venus de Corse ou de Nice. Il faut croire que la vie attendait la Saint Juste pour me donner cette victoire. Tout le monde voulait faire la fête avec moi.  Mais après le contrôle anti-dopage et la douche, je me suis senti vide et je n’ai pas pu sortir.  C’était incroyable, comme un refus d’obstacle.  J’avais l’impression d’avoir atteint l’objectif que ma mère avait fixé lorsqu’elle disait « mon fils est le plus fort » et j’avais le sentiment qu’il n’y aurait plus rien derrière.  Ce soir-là, j’ai posé le sac.  Ma carrière touchait à sa fin.

 

BIRDIE : Es-tu conscient d’être toujours une grande star de karaté, partout dans le monde ?

Christophe : Aujourd’hui je participe à des stages sur les cinq continents et en effet, je vois qu’il y a souvent plusieurs milliers de personnes qui veulent simplement me voir… J’étais récemment à Sao Paolo puis à Kigali. Je parcours le monde et je vois que les amateurs de karaté aiment participer à ces stages qui rassemblent plusieurs milliers de karatékas dans des stades olympiques.  Le concept est qu’environ 300 athlètes sont actifs avec moi tandis que les autres sont dans le public.  Je suis sur scène, avec de grands écrans derrière moi, pour que tout le monde apprécie les mouvements, et des assistants locaux. Nous accueillons aussi des enfants.  J’adore l’exercice parce qu’il faut transmettre beaucoup d’énergie dans un grand stade.  Quand tu as plusieurs centaines de personnes devant toi, si tu ne mets pas beaucoup d’énergie, on a l’impression que tu es au ralenti.  Il faut se donner à 1.000 % sur ce genre d’événements.  Je pars bientôt à Londres puis en Pologne pour des stages de ce format.  Je me réjouis.

 

BIRDIE : Comment vois-tu l’avenir ?

Christophe : Je reste sur ma ligne depuis toujours.  Je ne pense pas à l’avenir.  Je n’ai pas fait d’études mais je m’intéresse à plein de choses.  Je prépare mon corps et mon esprit à évoluer.  Je me sens prêt à tout. Le monde et la société sont en pleine mutation. Tout va vite.  La qualité d’adaptation sera la plus importante des qualités.  Alors je suis prêt pour l’avenir.  Prêt pour tout, sans opportunisme mais en pensant que je peux tout faire.

 

BIRDIE : C’est peut-être le sport de haut niveau qui te donne cette force ?

Christophe : Je pense que c’est un raccourci de dire ça car il y a aussi beaucoup de sportifs de haut niveau qui sont inadaptés à la société, qui se retrouvent pratiquement à la rue, qui sont incapables de gérer autre chose que leur sport, qui ne peuvent pas transférer leur expérience de sportif dans la vie d’après.  Il faut savoir transformer les valeurs du sport en valeurs humaines. C’est facile de dire que le sport de haut niveau apprend la résilience ou le succès. Pour moi, c’est faux.  Il ne faut pas généraliser car l’être humain a des faiblesses et le sport de haut niveau est parfois une drogue, qui mène au désespoir quand on l’arrête. J’admire le côté athlète de la Grèce antique qui serait magnifique musculairement et aussi beau intérieurement qu’extérieurement… Mais l’ego surdimensionné indispensable dans le sport de haut niveau ne donne pas toujours de belles personnes.

 

BIRDIE : Et que t’apporte le golf ?

Christophe : Pour moi, le golf, c’est la convivialité.  Je peux faire un parallèle avec le ski.  Tu pars le matin, tu fais quelques pistes, tu discutes, tu bois un café, tu rigoles et tu repars.  Pour ces sports-là, je ne passe pas de temps à m’entrainer.  C’est du plaisir à l’état pur.  Si je vais jouer au tennis, je ne peux pas parler à mon partenaire pendant la partie.  Si je décide de courir le marathon, je dois m’entrainer.  Pour le ski, comme pour le golf, pas d’entrainement, juste de la convivialité.  Tu ne me verras jamais au practice pendant trois heures ou enchainant les sorties de bunkers à l’entrainement ! Être ensemble dans de beaux espaces, retrouver des amis, vivre des moments de partage : ça, c’est le golf !  Pas de compétition pour moi côté golf.  Le jeu ne doit pas être gâché par l’esprit de compétition. Mais il y a aussi un aspect plus intérieur.  Le golf m’apporte une vraie sérénité.  Le golf est mon refuge.  Je le lie à ma respiration.  Je suis dans mon swing, sans penser au swing d’avant, en vivant le swing présent, en déconnectant la pensée, positive ou négative.  Au golf, on part en statique et on doit synchroniser. La moindre pensée va créer une contraction musculaire.  Réussir à ne pas penser, chercher un état presque méditatif, proche du yoga, permet de trouver le swing parfait ou en tout cas, le swing qui fait du bien.  Je suis très sensible aux émotions : sentir le soleil sur la peau, capter la beauté du terrain, chercher le bien-être…