Quand un Président rencontre un autre Président…

14.10.24

Lors des 2024 European Senior Men’s and Ladies’ Championships qui se sont joués au Kikuoka Country Club du 13 au 15 juin, l’un des excellents seniors présents a particulièrement attiré notre attention. Pascal Grizot, Président de la Fédération Française de Golf, représentait la France lors de cette compétition.  L’occasion pour BIRDIE de provoquer une rencontre entre Marc Schmit, Président de la Fédération Luxembourgeoise de Golf, et le Président de la Fédération voisine.

Marc Schmit : Vous présidez une fédération qui peut être inspirante pour de plus petites fédérations comme la fédération luxembourgeoise.  C’est pour cela que j’avais envie de vous rencontrer. Pouvez-vous brosser le portrait de la Fédération Française de Golf en quelques chiffres ?

Pascal Grizot : Nous avons 720 parcours en France, répartis sur l’ensemble du territoire, 450.000 licenciés, avec une augmentation record chaque année depuis trois ans, certainement grâce au covid mais aussi grâce aux actions menées par la Fédération, notamment pendant la pandémie, pour soutenir les clubs et les licenciés.  Beaucoup de fédérations de golf ont augmenté leur nombre de licenciés après le covid mais pour nous, ce fut une succession d’années records. Pour ce qui concerne le nombre de salariés, c’est un peu particulier car nous sommes propriétaires du Golf National.  Nous avons 120 salariés auxquels viennent s’ajouter les 45 salariés du Golf National et notre budget total est de 33 millions d’euros, incluant les recettes du Golf National.

M.S. : Une belle PME en fait ! Quels sont vos enjeux pour l’avenir ?

P.G. : Nous faisons face à trois enjeux principaux, sans ordre de priorité. Le développement de la pratique, l’émergence de champions et les problématiques liées à la transition écologique. On voit bien que si la pratique du golf devait diminuer ou changer, ce serait pour des raisons de transition écologique donc c’est un vrai sujet, qui me prend beaucoup de temps.

M.S. : Et quelles actions mettez-vous en place sur ce sujet ?

P.G. : Trois actions sont en cours.  D’abord la limitation de l’utilisation de la ressource en eau. Ensuite, la limitation de l’utilisation des produits phytosanitaires. Enfin, le développement de la biodiversité. Et au Luxembourg ?  Avez-vous les mêmes réflexions ?

M.S. : Absolument ! D’un point de vue environnemental, nous sommes confrontés aux mêmes défis.  Peut-être moins spécifiquement sur la question de l’eau mais très clairement sur la réduction des pesticides.  Au Golf de Clervaux, nous avons créé des zones de développement de la biodiversité et nous aimerions en développer dans tous les clubs.  En fait, nous menons les mêmes réflexions que vous, même si nous avons seulement cinq clubs et que nous sommes une Fédération à 100% bénévole.

P.G. : Bénévole ?  Comme moi !  Je suis l’un des seuls présidents parmi les plus grosses fédérations françaises à être bénévole ! Nous sommes la sixième fédération en nombre de licenciés et tous les membres du comité de direction sont bénévoles. Et où en êtes-vous au Luxembourg pour ce qui concerne le nombre de licenciés ?

M.S. : Nous essayons, comme vous, de développer notre nombre de licenciés, de promouvoir le golf, comme nous le ferons par exemple l’année prochaine avec nos journées nationales du golf.

P.G. : Bonne idée, à condition de s’appuyer sur des clubs qui seront capables d’accueillir les nouveaux golfeurs potentiels.

M.S. : Oui, bien sûr, tous les clubs n’ont pas les mêmes besoins en la matière.  Certains considèrent qu’ils ont assez de membres. Et en France, avez-vous une politique de création de nouveaux golfeurs auprès des juniors spécifiquement ?

P.G. : Le sujet des jeunes est vraiment transversal parce que quand les enfants jouent plus au golf, les parents aussi jouent plus au golf. Les champions ne sont pas dans la catégorie d’âge des seniors, ils sont bien dans la catégorie d’âge des jeunes. Donc pour nous, il est important d’avoir plus de jeunes. Et là, nous sommes en concurrence avec beaucoup d’autres sports, notamment les sports collectifs.  Beaucoup jouent au football, au handball, au volley-ball.  Or, la pratique du golf est contraignante pour des enfants.  C’est un peu contre-intuitif pour eux.  On a toujours de nouveaux jeunes golfeurs mais la difficulté est de les garder.  Au début de mon mandat, on était à 70% des jeunes qui arrêtaient le golf dans les deux ans.  Nous sommes à présent autour de 55% et nous avons mis en place trois actions prioritaires dans les clubs.  D’abord les Junior Series, qui sont des compétitions, sponsorisées par la Fédération, qui obligent les jeunes des écoles de golf à participer à six compétitions dont on retiendra les trois meilleures cartes. Cela oblige les clubs et les écoles de golf à les emmener sur le parcours.  Ensuite, nous avons créé le junior pass, qui donne la gratuité aux enfants dans une large sélection de clubs, à partir du moment où ils font partie d’une association sportive et qu’ils ont la licence. Enfin, le challenge des écoles de golf permet aux académies de se mesurer les unes aux autres et dynamise le golf auprès des juniors.

M.S. : Et en termes d’image du golf, entreprenez-vous aussi des actions ?

P.G. : Je réponds systématiquement à l’extrême gauche qui nous attaque régulièrement.  Cela me donne l’occasion de rétablir la vérité sur le golf auprès des médias.  Je ne sais pas si vous avez les mêmes problèmes sur le plan politique… A part ça, en France, l’image du golf évolue plutôt positivement, spécialement depuis la Ryder Cup, car les gens qui n’avaient aucune idée de ce que pouvait être un grand événement de golf ont pu découvrir notre sport. Tout le monde a vu que nous étions capables d’organiser des événements avec 55.000 spectateurs, séparés des champions avec juste une petite cordelette : une chose qui n’existe dans aucun autre sport ! Et quelle ferveur ! Je pense que cela a changé l’image du golf.  Nous nous étions aussi engagés à construire une centaine de petits parcours urbains.  C’est un travail de longue haleine mais ce qui est sûr, c’est que l’image véhiculée par l’extrême-gauche française est une image digne du 19ème siècle ! Il faut vivre avec les préjugés et essayer d’apporter les arguments pour faire évoluer les avis.  Et ici au Luxembourg, comment est l’image du golf ?

M.S. : Le golf est considéré comme un sport de riches.  Je l’ai encore constaté en discutant avec les médias à l’occasion des championnats d’Europe.  Nous essayons de promouvoir un golf universel, que l’on peut jouer de 10 à 90 ans, ce qui est rare.  Notre bonne relation avec le Ministère des Sports nous permettra d’œuvrer encore plus pour le développement du sport.  Heureusement pour le Luxembourg, nous n’avons pas d’extrêmes qui diffusent de fausses informations sur le golf.

P.G. : Nous avons fait une étude qui montre que l’on peut jouer au golf pour environ 1800 EUR par an. Le budget d’un fumeur est de 2500 EUR par an. On considère que les golfeurs sont riches mais on ne dit pas que les 22 millions de fumeurs français sont riches ! Nous sommes sans doute un peu responsables de l’image que nous avons véhiculée mais dans mon pays, nous essayons de faire changer les choses.

M.S. : Qu’avez-vous pensé du parcours du Kikuoka lors de votre venue aux Championnats d’Europe ?

P.G. : C’est un parcours intéressant et vallonné : un joli parcours, sans doute encore plus agréable à jouer en voiturette !

M.S. : Merci Pascal !

P.G. : Merci à vous ! En tout cas, si nous pouvons vous aider, n’hésitez pas à nous solliciter.  Et vous pourrez peut-être aussi nous aider.  Restons en contact !

2024 European Senior Men’s and Ladies’ Championships

Retrouvez toutes les photos de l’événement !

La question subsidiaire de BIRDIE

Avant de libérer Pascal Grizot, nous lui avons demandé quelle serait sa partie de golf idéale. Trois partenaires, un parcours.

« J’aurais adoré jouer avec Monsieur Palmer.  Cet homme est un exemple pour moi en termes de classe et de disponibilité.  Il vivait pour le golf.  Du côté des joueurs actuels, j’ai été très gâté :  j’ai joué avec pratiquement tous les jeunes de la nouvelle génération. Alors je pourrais avoir envie de jouer avec quelqu’un comme Tiger Woods mais en fait, j’aime le regarder à la télé.  Je ne suis pas sûr que j’aimerais jouer avec lui aujourd’hui. 

Je me rends compte que ma partie préférée, c’est celle que je joue tous les dimanches avec mes amis, dans mon golf, à Morfontaine, où je suis très heureux. Au golf, c’est la compagnie qui compte, encore plus que l’endroit. 

Malgré tout, pour répondre précisément à votre question, étant donné que le plus beau parcours du monde est Pine Valley, jouer là-bas avec Jim Davis, le Président de Pine Valley, pourrait me plaire.  Il n’est pas premier par hasard.  Son leadership, sa vision et son dévouement en font un exemple. Si le golf mondial était dirigé par des gens comme lui, on ne serait pas là où nous en sommes aujourd’hui…. Alors ajoutons Monsieur Palmer à Jim Davis et complétons par mon fils, le tout à Pine Valley : la voilà ma partie idéale ! »