Brice GUYART : du fleuret au club, la passion au poing

27.11.24

Le double champion olympique (en individuel et en équipe) et triple champion du monde (en équipe) d’escrime au fleuret était de passage au Luxembourg à l’occasion de la CAR Avenue Invitational Golf Cup by Henri Leconte & Friends. Rencontre avec celui qui a été le plus jeune champion olympique français de l’histoire, en 2000, à 19 ans, et qui a largement contribué au succès de Paris 2024 en assurant le rôle de Senior Manager Mobilisation Athlètes et Mouvement Sportif.

BIRDIE : Comment as-tu commencé le golf ?

Brice Guyart : Je suis venu au golf via les stages d’escrime.  Il y avait souvent un golf à proximité des lieux d’entrainement. Trouver une activité en extérieur, qui libère l’esprit mais soit quand même utile côtés technique et mental, était important pour nos entraineurs.  Quand j’entendais mes parents parler golf, je pensais que ce n’était pas un sport. Aujourd’hui je regrette de ne pas m’y être mis plus tôt à leurs côtés.  Le golf est exigeant et je suis en admiration devant les golfeurs professionnels qui jouent trois ou quatre jours de suite sous le par.  Le golf, c’est une exigence de dingue, un impact très fort du mental, sur chaque coup. 

B : En escrime comme au golf, on vise une cible.  Peut-on comparer le club et le fleuret ?

B.G. : La démarche est la même. Pour maximiser ses chances de réussite, il y a des cibles à privilégier et des coups à éviter en fonction de la configuration du parcours ou des points forts de l’adversaire. Ces deux disciplines demandent de s’adapter en permanence au contexte et à l’environnement.

Entre chaque touche ou chaque coup, on prévisualise.  Une fois que la décision est prise, on s’y tient et on déconnecte le cerveau pour lâcher le coup.

B : Mais en escrime, tu n’as pas droit au coup d’essai !

B.G. : C’est vrai, mais l’imagerie mentale permet d’être prêt au démarrage de la touche et de mieux s’adapter. Et en golf, le coup d’essai fait aussi partie d’une routine de prévisualisation. Un bon coup d’essai ne garantit pas non plus la réalisation qui suivra.

Le point commun avec le golf est aussi qu’indépendamment du coup d’avant, tu dois remettre le compteur à zéro, te remobiliser, te reconcentrer et préparer le coup suivant. Dans les 2 disciplines, il est important de savoir apprécier et célébrer les bons coups et accepter les mauvais.

Au golf, comme en escrime, tu peux aussi subir un sentiment d’injustice : le bon coup qui se perd dans un obstacle peut être comparé à la bonne touche qui ne serait pas validée par l’arbitre.

Le haut niveau oblige à chercher la perfection en permanence. En escrime, sur un matche en quinze touches, il y en a trois ou quatre qui sont vraiment bien réalisées.  En golf, la proportion doit à peu près être la même. Quand tu débutes, si tu sors un ou deux bons coups dans ta partie, c’est déjà bien.

B : On se souvient de certaines de tes victoires en escrime pour la joie que tu as pu manifester en retirant ton masque.  Tu cries aussi au golf ?

B.G. : Dans un sport de combat, qui plus est masqué, tu dois libérer tes émotions.  C’est instinctif.  Je ne m’interdis pas d’exprimer mes émotions au golf.  Je trouve aussi que les pros de golf le font de plus en plus.  Serrer le poing et montrer que l’on domine sont des attitudes qui se développent au golf même si la tradition ou l’étiquette sont plutôt dans la retenue.  Exprimer son enthousiasme est plutôt positif, non ? 

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B : Quel sport est le plus difficile ?  L’escrime ou le golf ?

B.G. : Pour moi, le golf est plus difficile mentalement car ce que l’on a l’impression de maîtriser un jour est remis en question le lendemain. Techniquement, c’est très similaire, il faut faire ses gammes encore et encore pour être bon. Dans les deux cas, la capacité à être totalement concentré sur le moment présent, dans une forme de pleine conscience, en évacuant les ruminations ou projections est la clé de la réussite.

B : Parle-nous de Paris 2024 et de ton rôle dans le comité d’organisation !

B.G. : Paris 2024 a été une aventure hors normes pendant six ans, avec une équipe d’organisation incroyable.  J’étais responsable de la mobilisation des athlètes français et internationaux sur l’ensemble des actions, événements et programmes clés de Paris 2024 : Terre de Jeux 2024, Club Paris 2024, Marathon Pour Tous, Impact 2024 ou encore Relais de la Flamme.  Une autre de mes missions était l’amélioration de l’expérience des athlètes, en coordination avec la Commission des Athlètes de Paris 2024 présidée par Martin Fourcade, avec notamment de nouveaux concepts de célébration comme le Parc des Champions au Trocadéro.  J’ai aussi supervisé les niveaux de service aux athlètes, la vie au village, la restauration, le transport ou encore la qualité des sites d’entrainement et de compétition. Participer à une telle organisation a été un grand honneur. Je savoure encore la ferveur populaire que les Jeux olympiques et paralympiques ont suscitée !