On aurait pu penser que ces deux là étaient unis par une seule passion commune : l’humour. Oh que non ! Outre la succulente belgitude qui coule dans leurs veines, les deux humoristes belges partagent la passion de la petite balle blanche. Et dans leurs vies de golfeurs comme dans leurs vies professionnelles, c’est Bruno Taloche qui a ouvert la voie… Rencontre avec deux artistes attachants de passage au Luxembourg à l’occasion de l’Invitational Golf Cup by Henri Leconte & Friends.
Birdie : Bienvenue au Luxembourg Messieurs ! Freddy, tu es sans doute un peu moins célèbre que Bruno ici. Les Luxembourgeois te connaissent principalement grâce à ta vidéo « ça va d’aller » qui cartonne sur YouTube. Mais en fait, qui est Freddy Tougaux ?
Freddy Tougaux : J’ai créé le personnage de Freddy en 2011 pendant la crise gouvernementale en Belgique. Benoît Poelvoorde avait proposé de se laisser pousser la barbe jusqu’à ce que la Belgique ait un gouvernement. Ce signe de contestation m’a interpelé. Il est vrai que les Belges, lorsqu’ils veulent manifester leur mécontentement, sont très créatifs. La crise gouvernementale m’inspirait moi aussi. Le Belge râle beaucoup mais est finalement assez fataliste. Mon souhait était de faire de cette situation intolérable une source d’inspiration. C’est ainsi que Freddy Tougaux est né, mélange de mon père, de mon ancien directeur d’école, du président de mon club de tennis, toujours fringué comme l’as de pique, de mes anciens collègues, tous des gens que j’aime beaucoup. Freddy a pris l’accent de La Louvière, un accent wallon très populaire, et a répondu à Poelvoorde par vidéo interposée.
Birdie : Donc tu avais déjà envie de faire du spectacle ton métier ?
Freddy : Non, non, pas du tout ! Je faisais du théâtre en amateur, comme on peut jouer au tennis quand on est comptable… J’adorais ça. On jouait de la manière la plus pro possible mais honnêtement, j’ai créé le personnage de Freddy en vidéo, comme ça, sans vraiment réfléchir à la suite. Puis je me suis mis à commenter l’actualité belge, française et européenne pendant un an ou deux. Et un jour, j’ai sorti la chanson qui allait bien avec le personnage, je me suis retrouvé à « La France a un incroyable talent » avec cette chanson, j’ai rencontré un producteur et c’était parti !
Birdie : Mais avec qui es-tu venu au Luxembourg ?
Freddy : Nous sommes avec Bruno Taloche, l’un des frères Taloche, l’aîné. Enfin, celui qui n’est pas le plus jeune…
Bruno Taloche : Mais le plus beau…
Freddy : Nous travaillons ensemble depuis près de quatre ans. Bruno est maintenant mon manager.
Birdie : C’est-à-dire ?
Freddy : Il y a l’agent, qui vend les dates, le producteur, qui paie pour tous les besoins et le manager, qui est entre les deux. C’est juste un escroc, quoi ! Non, sans rire, mon manager me facilite énormément la vie pour que je me concentre uniquement sur l’artistique. Et comme Bruno a une grande expérience du monde du spectacle, il peut aussi me donner son avis artistique.
Bruno : Je suivais déjà Freddy dans ce qu’il faisait lorsqu’il s’est présenté à la scène ouverte du Voo Rire, le festival que nous organisons à Liège chaque automne. La scène ouverte est un concours pour les jeunes humoristes. Freddy a gagné cette année-là et cela lui a permis de partir en spectacle dans les festivals partenaires, en Suisse, au Québec, à Marrakech et à Cannes. Nous nous sommes tout de suite bien entendus.
Birdie : Est-ce que la condition pour la signature de ce contrat de manager était que Freddy se mette au golf ?
Bruno : On n’en a pas parlé au départ mais comme je suis un grand passionné, je lui ai rapidement raconté mes exploits golfiques.
Freddy : De mon côté, j’ai eu l’occasion de faire une initiation avec l’émission de télévision belge « Le Grand Cactus » en Tunisie.
Bruno : Et c’est ensuite que nous sommes allés une première fois au Golf de La Tournette, pas très loin de chez Freddy. Je lui ai montré quelques bases et comme sa balle partait bien, je lui ai dit que sa vie allait changer. Maintenant, nous jouons régulièrement au golf ensemble ! Et cela renforce encore l’amitié.
Freddy : Et oui, me voilà passionné !
Birdie : Il y a donc une transmission dans le golf comme dans la carrière professionnelle !
Bruno : En quelque sorte, mais c’est avant tout une question d’affinités. Il y a des gens que je connais depuis trente ans dans l’humour que je ne mettrai jamais au golf. Les rencontrer dans le boulot me suffit ! Avec Freddy, c’est différent. On ne s’appelle pas que pour le travail.
Birdie : Qu’est-ce que le golf t’apporte, Freddy ?
Freddy : Je pensais comme tout le monde que le golf était un sport de vieux, d’élite et de riches. Mais quand j’étais enfant, j’aimais bien regarder Ballesteros à la télé. Même si on ne voyait pas beaucoup de golf à l’époque, j’aimais ça. Puis quand j’ai eu envie de commencer, j’en ai parlé à un ami. Alors que nous sommes plutôt foot ou tennis, à ma grande surprise, il était partant ! Et grâce à Bruno, nous avons pris notre pack d’initiation. Dans la vie, je suis plutôt cool mais j’ai aussi un côté volcanique qui peut apparaître particulièrement dans le sport individuel. Je trouve que le golf me canalise. Je m’énervais beaucoup au début et je m’énerve parfois encore quand je rate un coup mais je profite plus du terrain à présent. Je suis ailleurs, je suis concentré sur la personne avec qui je partage la partie et sur ce trou qui est toujours trop loin. Je me demande d’ailleurs qui bouge le trou sans arrêt ?
Bruno : Le golf m’a toujours attiré. Ce sont les frères Saive qui m’ont amené au golf il y a plus de vingt ans et j’ai toujours été acharné. J’adore découvrir de nouveaux parcours. Un terrain de tennis, c’est un terrain de tennis. Alors qu’un parcours de golf est toujours unique. Et puis tu rencontres d’autres passionnés, ce qui est génial ! Sans parler de la perspective de jouer jusqu’à quatre-vingts balais qui me réjouit. Physiquement et mentalement, le golf me fait du bien. C’est aussi un des rares sports où des personnes de niveaux différents peuvent jouer ensemble sans s’ennuyer.
Freddy : Ah oui, c’est vrai, je joue souvent avec toi et pourtant je ne m’ennuie jamais !
Birdie : Vous avez joué au golf lors de votre séjour au Luxembourg ?
Bruno : Nous avons découvert le Kikuoka et nous reviendrons ! J’aimerais faire tous les parcours de Belgique dans ma vie. J’ai dû en faire une quarantaine, c’est-à-dire une bonne moitié. Je vais ajouter les golfs luxembourgeois à ma liste! J’aime beaucoup l’idée du « golfeur masqué » qui pourrait faire une critique humoristique de chaque golf qu’il visite. Un concept à développer…
Birdie : Quel est ton parcours préféré, Bruno ?
Bruno : J’en aime beaucoup ! Je joue souvent le Five Nations à Méan en Belgique. J’ai commencé là-bas et j’adore. Mais j’aime en général les parcours de Simpson, dans les bois. Donc en Belgique, Spa, Sart Tilman et Hainaut. Il paraît que dans ce style, il faut jouer le Grand-Ducal à Luxembourg. Simpson a aussi signé quelques parcours que j’aime beaucoup en France, comme Fontainebleau. J’aimerais beaucoup aller jouer en Irlande ou en Angleterre. Je garde aussi des souvenirs incroyables de golfs aux Etats-Unis ou à Dubai : un autre monde !
Birdie : Et toi Freddy ?
Freddy : Je ne joue pas depuis longtemps mais je suis très attaché au golf où j’ai commencé, La Tournette. Bruno m’a emmené à Méan et j’aime beaucoup le côté vallonné. Tu reçois une médaille ou le maillot du meilleur grimpeur si tu le fais à pied ! En tant que débutant, je suis émerveillé devant chaque parcours que je découvre. J’ai aussi joué en vacances cette année. Pour la première fois de ma vie, j’ai cherché une destination avec golf… J’ai vraiment attrapé le virus !
Birdie : Vous faites le spectacle sur le parcours ?
Bruno : Non ! Je suis là pour le jeu, pas pour raconter des blagues à chaque trou. Un peu de jonglage tout au plus…
Freddy : Non non, j’ai encore besoin de concentration. Et puis j’ai constaté que nos partenaires redoutent toujours un peu qu’on fasse les clowns pendant 18 trous. Mais non, nous ne sommes pas là pour ça !
Birdie : Freddy, quel est le plus gros défaut de Bruno dans la vie et/ou au golf ?
Freddy : Bruno est un vrai gentil. Il ne met pas suffisamment le poing sur la table. Il est souple, philosophe et sage et parfois ça devient son plus gros défaut. J’ai envie de le voir s’énerver plus. Au golf, il lui arrive quand même de dire « nom de Dieu » ! Vous imaginez ! En gros, il n’a pas de défaut !
Bruno : Au golf, Freddy peut s’énerver et taper son club. J’étais comme lui au début. Je me revois un peu en lui. Il manque un peu de gestion de parcours et ça viendra avec le temps. Dans la vie, Freddy est très content de ce qui lui arrive dans le monde du spectacle parce que le succès est arrivé tard pour lui, à plus de quarante ans. Donc, il prend tout comme du pain béni. Une partie de mon travail avec Freddy est de canaliser ses envies et de professionnaliser son approche. Il faut apprendre à dire non quand les projets ne sont pas à la hauteur.
Freddy : Il est vrai que je suis ravi de ce qui m’arrive. Par exemple, j’ai eu la chance de rencontrer mon maître absolu, Pierre Richard. Il m’a parlé comme à un collègue. Je me sentais à côté de Dieu…
Birdie : Avez-vous un rêve de golfeur ?
Bruno : J’aimerais jouer le parcours du Masters à Augusta ou devenir caddy d’un joueur pro international. Ou bien bénéficier des conseils d’un caddy !
Freddy : J’ai des rêves plus modestes. La régularité par exemple !
Bruno : Mais tu as une bonne frappe, ça va le faire !
Freddy : Je trouve que je joue comme une patate !
Bruno : Il faut t’entrainer plus régulièrement ! Ce n’est pas grave de ne pas jouer souvent mais alors il ne faut pas se plaindre de ne pas progresser !
Freddy : En fait, mon grand rêve c’est de battre Bruno. En brut, je veux dire !
Birdie : Vous repartez pour la Belgique. Quels sont vos projets ?
Bruno : Reprendre le cours normal des spectacles au plus vite et oublier le Covid !
Freddy : Les spectacles reprennent et ça fait du bien. Il faut que les dernières réticences du public disparaissent et que les autorités continuent d’autoriser les spectacles. Je suis également de retour à la télé tous les quinze jours avec le Grand Cactus.
Birdie : Merci Messieurs ! A bientôt au golf !